lundi 4 mars 2013

7 - Ils en ont parlé : Robert Wyatt (ex Soft Machine, 1974)

Best n°77, décembre 1974
Septième chronique de cette série et première interview d'un batteur.
Malgré la modestie de ses propos, Robert est un excellent batteur, un compositeur sensible et est doué d'une expertise sûre.

A la suite des concerts en Grande-Bretagne*, la notoriété de Magma a été grandissante au pays d'Albion. De nombreux musiciens de renom se sont intéressés à ce nouveau phénomène, allant de Robert Wyatt à David Bowie en passant par Bill Wyman. La presse musicale anglaise a fait écho des concerts ou sorties de disques par de nombreux articles. Magma a véritablement provoqué la curiosité outre-Manche à cette époque.
De plus, comme pour Christian fondant le courant "Zeuhl", il est à l'origine d'une autre tendance (avec les autres membres de Soft Machine), le style "Canterbury". Ce n'est pas rien, cela prouve l'invention, la création, les recherches de ce musicien hors pair.
Un autre point commun, son rôle de chanteur. Il fût celui de Soft Machine, et l'on sait toute la difficulté qu'il y a d'être à la fois chanteur et batteur, d'autant plus pour un percussionniste de ce tempérament. Rôle que Christian endossait, en complément avec Klaus sur certains thèmes.

Pour revenir à cette interview, la première impression exprimée par Robert, est cette impassibilité face à la musique de Magma. Il ne la ressent pas. Libre à lui bien sûr, car la musique de Magma donne des avis tranchés, on aime ou on aime pas, pas de demi mesure.
Mais dans la foulée, il note l'utilisation et la continuation par Magma de l'héritage folklorique européen. En cela il est le premier à le dire, et peut être le dernier à l'évoquer.
Il place également Magma dans la musique classique et non vers le pop/rock. La filiation, et de la musique, et de la théâtralisation, viennent de cette source classique.
Toujours dans son analyse, simple, claire et pointue, son ressenti du langage kobaïen. Il veut dire que ce langage est un mode d'expression de son et non de sens. Plus un langage de couleur, d'évocation par la tonalité que par le sens d'un mot.
La musique de Magma, à ses yeux (aux nôtres aussi !) a bel et bien la forme d'un opéra. Le mélange de la musique, du chant est des costumes formant un tout indissociable. Cela ne le fût point de tout temps, mais en cette période et avec les compositions jouées en 1973-1974**, c'était réellement le cas.

La fin de cet extrait le ramène vers ses sources. Une dérision poétique des mots et des textes. Une utilisation amusante et tout aussi sérieuse de la langue shakespearienne. C'est bien Robert, simple mais pas simpliste !

* Reading festival en août 1973, tournée(s) fin 1973 février/mars et juin 1974.
** MDK, Köhntarkösz, Theusz Hamtaahk.

Interview de Christian Lebrun.

Interview's translation :

Have you listened to Magma?
RW: I have. They are very… impressive. They don’t speak to me though… They speak to someone else. They are the kind of musicians who have now enough presence technically to take back and use the European music heritage. To me, they have something which is very Wagnerian. And all this grandeur in the performance is because they are in competition with these great composers. And I am way away from this. They consider their use of words and their language as very serious things. The way I use the language is not. It comes from my listening of many ridiculous British comedians I would love to be a part of. Even Edwardian poets loved to break the English language apart. This is where I come from. It is nothing but a pure joke. Nothing serious, even though jokes can be serious, but that is another story…






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